L’EMDR, cette thérapie par désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires
fait de plus en plus parler d’elle pour son traitement des traumatismes. Rencontre avec Marie-Agnès Bourillon thérapeute formée en EMDR et exerçant à Paris et au Mans.
Premièrement, comment fonctionne le cerveau face à un événement ?
Le cerveau fait face au cours de sa vie à une multitude d’informations. Tout ce que vit la
personne est information pour le cerveau. En traitant et en stockant l’information, le
cerveau permet à celle-ci de passer des circuits neuronaux au circuit de la mémoire. Ce
processus a lieu le jour bien sûr, mais aussi la nuit ! En effet, lorsque la personne dort et que
les yeux sous les paupières fermées balayent de droite à gauche, ils permettent au cerveau
de traiter...
Seulement, un trop plein d’émotions impactantes lors d’un événement
traumatique (peurs, stress, effroi, de contact avec la mort, impuissance, sidération...)
empêche le cerveau d’effectuer correctement son travail de traitement et de stockage. Par
conséquent, la personne reste en contact permanent avec cet évènement traumatique et les
émotions qui y sont associées.
Vos clients arrivent dans votre cabinet pour quels genres de symptômes ?
Les symptômes peuvent être divers et variés. Mais on retrouve très souvent des angoisses,
des phobies, des tocs, un mal-être, des dépendances, ou bien encore des douleurs
chroniques.
Comment se déroule une séance ?
Lors de la première séance, un entretien a lieu pour apprendre à connaître le vécu de la
personne. En racontant son histoire, elle livre le ou les événements qui ont pu l’impacter.
Parfois, la personne fait le lien entre un vécu traumatique et les symptômes pour lesquels
elle vient en cabinet, parfois, pas du tout… Quoi qu’il en soit, l’objectif est, dans un premier
temps de diagnostiquer les événements traumatiques.
Vient ensuite le retraitement de l’information en tant que telle avec la technique de l’EMDR.
Pour ce faire, on replace la personne dans le souvenir impactant avec ses émotions et ses
ressentis, et on lui fait balayer les yeux de droite à gauche pendant un certain temps. En plus
du balayage des yeux, on peut faire une pression sur les genoux alternativement à gauche et
à droite, ou encore lui faire écouter un son une fois dans l’oreille droite puis dans l’oreille
gauche : c’est le principe des mouvement bilatéral alterné utilisé en EMDR.
Combien de séances sont nécessaires ?
Cette question reste épineuse. Car il est difficile d’y répondre.
Tout dépend du nombre de traumatismes qu’a vécu la personne, de la capacité du cerveau
à retraiter l’information, de sa vitesse d’exécution etc. Parfois, une séance d’1h30 peut traiter le problème mais parfois il faudra plusieurs séances avant que la méthode montre tous ses bénéfices.
Quoi qu’il en soit on travaille événement traumatique par événement traumatique. La
personne n’a pas besoin de s’en souvenir, l’événement peut être également très ancien,
peut importe… Un travail est possible. IL est également très intéressant de travailler sur le
transgénérationnel, la naissance, les trois premières années de la vie. Bref, le champ est très
large.
A partir de quel âge peut-on utiliser l’EMDR ?
A tous les âges ! Il est tout à fait possible d’utiliser l’EMDR chez le nourrisson. Évidemment,
les exercices sont adaptés en fonction de l’âge mais nous accueillons les personnes à chaque
étape de leur vie.
Y a-t-il des contre-indications à la pratique ?
On évitera l’EMDR sur les personnes psychotiques, schizophrènes, dissociées, les femmes
enceintes ainsi que les personnes ayant des problèmes cardiaques et epileptiques.
Y a-t-il des outils à mettre en place chez soi en parallèle d’un accompagnement ?
Le traitement de l’information commencé en séance se poursuit tout seul pendant des
semaines. Il n’y a rien à faire que laisser faire… Si la personne a besoin de faire descendre
son stress, je lui suggère la cohérence cardiaque dont les bénéfices ne sont plus à prouver.
